JOSÉE BOURGOIN, TOURNEUSE D’ART

Je suis tourneuse et sculpteure sur bois. J’ai grandi sur une ferme et j’ai suivi les traces de mon père, un ébéniste et un ardent défenseur du patrimoine.

Mon grand-père disait que l’épreuve écrase sa victime, ou au contraire, la libère. J’ai compris le sens de ces mots en 2005, à la suite d’un deuil périnatal. Pour faire passer ma peine, mon père et moi avons passé du temps ensemble dans l’atelier : c’est ainsi que ma première urne a été créée. Elle a reçu les cendres de mon premier bébé, un petit ange parti avant même de naître. Cette expérience a été un événement clé qui m’a apporté de nouvelles façons de ressentir et de libérer mes émotions. L’épreuve fut en ce sens une révélation.

Par la suite, j’ai donné naissance à deux magnifiques enfants. Alors que le dernier avait moins d’un an, mon père est décédé du cancer. À travers le choc de la naissance et de la mort, ma démarche artistique s’est déployée, modelée et enrichie. Elle s’ancre alors dans l’action : je crée dorénavant des urnes funéraires. Dans mon cœur,  l’amour, la tristesse et la joie se mélangent alors et marquent résolument mes premières œuvres. Dans ce tourbillon émotionnel, j’ai trouvé matière à sculpter  : je réalise que je dois donner une âme certaine aux objets créés, pour les faire exprimer douceur et réconfort.

Créations Vitalis enregistrée voit le jour en 2010.

LE MÉTIER

Depuis toujours, les métiers du bois sont traditionnellement masculins. Mais à travers la finesse de la sculpture et la douceur d’une courbe, je parviens à faire ma place en tant que femme, en créant des œuvres résolument teintées de ma sensibilité féminine.

Je travaille des essences de bois récoltés localement, ainsi que le bois flotté. La fibre ligneuse, à notre image, est marquée du cycle de la vie et de la mort. De la même façon, elle porte aussi en elle une histoire et un destin unique qui l’ont façonnée. Chaque bille de bois est sélectionnée en fonction de ses particularités. Je mets en valeur la beauté des fibres de l’arbre. J’aime particulièrement travailler le bois vert, une matière en évolution rapide. Le chant du copeau sous l’outil me fait vibrer et m’apaise.

Par la chaleur naturelle du bois, je cherche à façonner une enveloppe réconfortante autour de la mort, pour l’adoucir. En créant des œuvres funéraires, en parlant ouvertement de la mort, j’espère l’humaniser. Ma démarche en est une de réconciliation : celle de la vie avec la mort ; celle de l’humain avec la nature.

Dans mon atelier situé face au fleuve, devant ces paysages magnifiques, je puise l’énergie et l’inspiration pour rendre justice à ce qui vit et ce qui meurt, à travers la matière du bois.




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